Elle est douée pour la retraite… et la peinture

Elle est douée pour la retraite… et la peinture

Un texte de Carole Grant

Quand l’heure de la retraite a sonné, que ces nombreuses heures de liberté nous sont offertes, que ce moment tant attendu arrive enfin, qu’on ait été passionné par notre travail ou pas, comblé ou pas, quand ce moment arrive, on se lance un peu dans le vide comme lors d’un saut en parachute où on a tout à coup le sentiment d’avoir trop d’air à respirer jusqu’à ce qu’on ouvre grand les bras et qu’on plane comme un oiseau. Bien qu’on se soit préparé à cette retraite, qu’on l’ait imaginée et planifiée, un grand vertige nous assaille, et une part d’inconnu demeure. Et s’il arrive qu’on ait le sentiment d’avoir trop de temps à combler, il ne reste plus qu’à ouvrir grand notre esprit, et… de planer comme un oiseau.

Moi, j’ai la chance d’être douée pour la retraite. Je n’ai jamais fait de saut en parachute, mais me lancer dans le vide… ça oui ! Et chaque fois, une nouvelle fenêtre s’est ouverte à moi et m’a permis de vivre des expériences enrichissantes.

Je souhaite aujourd’hui vous en partager une.

La première qui me vient à l’esprit, c’est ma passion pour la peinture à l’huile. Je dessine en fait depuis que je suis apte à tenir un crayon. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours gribouillé des dessins ou croquis ici et là, dans les marges de mes cahiers de notes, comme sur mes blocs-notes de téléphone. Mais ce n’est qu’au tournant de l’an 2000, lors de mon congé de maternité que je me suis inscrite à un cours de peinture à l’huile. Dès cet instant, je me suis mise à regarder les paysages différemment. J’ai vite constaté dans le monde réel que les montagnes d’automne, quand elles sont au loin, sont plus pourpres ou mauves que rouges ou oranges, parce que légèrement teintées du bleu du ciel. Que l’ombrage dans les sentiers enneigés est plus bleu que gris, également teinté de ce ciel bleu ! Et depuis cet instant, un chevalet a toujours eu sa place quelque part dans ma maison. Alors au moment de prendre ma retraite, l’envie de peindre davantage s’est fait sentir, et rapidement les murs de ma maison se sont remplis. J’ai ensuite rempli ceux de ma famille et ceux de mes amis. Comme mon envie de peindre ne s’essoufflait pas, j’ai eu l’idée de peindre des portraits de chien que je pourrais offrir à mon vétérinaire en échange du droit d’y apposer ma carte d’affaires où j’offrais mes services d’artiste peintre. C’est ainsi que les commandes ont commencé à entrer et que le bouche-à-oreille a fait son œuvre.

Aujourd’hui, je n’ai pas vraiment compté, mais j’ai certainement peint près d’une centaine de portraits de chiens, de toutes races ou couleurs. J’ai également peint quelques chats et quelques portraits humains, pourquoi pas… un portrait c’est un portrait ! Je me suis aussi laissée inspirer par quelques sportifs, Denis Shapovalov, Félix Auger-Aliassime, Patrice Bernier et un certain Jesperi Kotkaniemi… quelqu’un se souvient de lui ?

Jesperi Kotkaniemi
Patrice Bernier

En ouvrant mon esprit à cette passion, les astres ont fait leur travail pour me dessiner des occasions que j’ai su voir venir (je vous ai dit, je suis douée pour la retraite) et dont j’ai su profiter. J’ai ainsi pu exposer à quelques reprises mes œuvres dans divers symposiums aux côtés d’autres artistes peintres dont certains sont devenus mes amis. Je peins toujours des portraits d’animaux de compagnie, la plupart du temps sur commande, le bouche-à-oreille continuant d’opérer. Je le fais toujours avec le même plaisir et le même souci de les représenter sous leur meilleur jour, et je demeure encore touchée de voir la petite larme au coin de l’œil de ceux qui reçoivent le portrait de leur fidèle compagnon.

Voilà, j’espère que le récit de ma passion a pu inspirer certains d’entre vous, qu’il a pu donner à quelqu’un le petit coup de pouce qu’il fallait pour se lancer dans le vide ou l’envie de simplement ouvrir son esprit à une passion qui dort en vous.

Quant à moi, je vous raconterai peut-être un jour une autre de mes passions qui arrive même à me faire oublier mon chevalet par les temps qui courent.

Et n’oubliez jamais, si je peux parfois déposer mes pinceaux pour les remplacer par des bottes de randonnée, un micro, ou même un clavier d’ordinateur le temps de pondre un article pour la revue L’Envol, vous le pouvez également.

Bonne retraite, bon vol d’oiseau !