Drames humains

Drames humains

par Denis Bertrand

RÉDUCTIONS DE RENTES POUR ENVIRON DEUX CENTS DE NOS COLLÈGUES RETRAITÉS.

À la fin du mois d’avril dernier, environ deux cents de nos collègues retraités ont reçu une lettre du Comité de retraite les avisant d’une réduction de rente de 5 à 15 % selon le groupe d’employés auquel ils appartenaient. Cette réduction affecte tous les employés ayant pris leur retraite entre le 1er juillet 2014 et le 1er mai 2016.

Cette réduction concerne non seulement les versements à venir, mais aussi les sommes reçues depuis la date de la retraite. Donc pour un retraité recevant annuellement une rente de 40 000 $ depuis le 1er juillet 2014 et faisant partie d’un groupe visé par une réduction de 15 %, celle-ci sera amputée de 6 000 $, soit 500 $ par mois. Imaginez le choc chez nos collègues qui devront vivre avec environ 325 $ de moins par mois lorsque l’on tient compte des impôts provincial et fédéral.

Cela ne s’arrête pas là, cette réduction est rétroactive depuis le 1er juillet 2014, le retraité décrit ci-dessus doit donc au Comité de retraite une somme brute d’environ 11 000 $. Tel qu’indiqué dans la lettre, cette réduction dépendra des conditions de restructuration des régimes de retraite selon ce qui sera conclu entre chaque groupe d’employés et la Ville de Laval. Le terme négociation n’est heureusement pas utilisé dans la lettre, car nous savons tous que chaque groupe d’employé discute avec la Ville de Laval le couteau sous la gorge et les mains attachées par la loi 15. Ils ne peuvent en aucun cas invoquer les augmentations de salaire passées auxquelles ils ont renoncé en échange d’amélioration aux conditions de retraite.

Cette fameuse loi 15 est le reflet du mépris absolu du gouvernement libéral envers les fonctionnaires municipaux. Pas un instant il n’a réfléchi aux drames humains qui résulteront de l’application de sa loi chez nos collègues. Tous ont pris leur retraite en supposant que les sommes qu’ils recevaient demeureraient minimalement telles quelles pour le reste de leur jour. Personne n’avait la moindre idée des coupures à venir parmi ceux qui en sont victimes. Même la lecture attentive de la loi par un individu moyen ne permettait pas de voir ce qui attendait ces retraités. Je tiens à préciser que le Comité de retraite a aussi les mains liées par la loi 15 et la décision qu’il a prise lui était imposée par celle-ci sans possibilité de s’y soustraire.

Mais ce n’est pas tout, pour toutes ces personnes, il n’y aura plus d’indexation des rentes. Si l’on reprend l’exemple précédent, la perte brute, en supposant une indexation partielle de 1 %, s’élève à près de 90 000 $ pour une période de 20 ans.

Maintenant, certains d’entre nous pourraient être tentés de se dire qu’ils l’ont échappé belle et que seuls les retraités ayant reçu la lettre sont à plaindre. Ce serait une attitude égoïste et surtout erronée. Tous les autres retraités sont aussi visés par la loi 15 en ce qui concerne le maintien de l’indexation. En effet tel qu’indiqué dans un communiqué de la Retraite Québec, anciennement la Régie des rentes du Québec, la suspension de l’indexation de la rente des retraités à compter de 2017 est à la seule discrétion de la Ville de Laval. La perte financière mentionnée au paragraphe précédent s’appliquerait alors à tous selon le niveau de leurs rentes.

Tout ce que Ville de Laval a à respecter est de convoquer les retraités visés à une séance d’information pour leur faire part de la situation financière du régime ainsi que son intention au sujet de l’indexation. La Ville de Laval doit aussi donner aux retraités l’occasion de se faire entendre. Vous m’expliquerez l’utilité de se faire entendre dans l’éventualité où la Ville aurait déjà pris sa décision, aucun de nos arguments n’aurait alors la moindre importance.

Il est donc essentiel de participer à une telle assemblée dans l’éventualité où elle serait convoquée, notre seule chance réside dans une présence très forte à une cette réunion. Nous sommes près de 2 000 retraités et nous devrons faire entendre notre voix. Notre destin en dépend.

LE BAROMÈTRE DU RÉGIME DE RETRAITE DES EMPLOYÉS DE LA VILLE DE LAVAL.

Les marchés ne nous ont pas été favorables en ce début d’année 2016. Le rendement d’un portefeuille comparable à celui du Comité de retraite a été d’environ 0,1 %, selon la firme Morneau Shepell. Oui, oui vous avez bien lu, il n’y a pas d’erreur de décimale. Compte tenu des attentes de rendements qui nous ont été communiqués à la dernière assemblée annuelle, soit 6 %, ce qui représente un rendement de 1,5 % par trimestre et des cotisations versées par la Ville de Laval pour combler le déficit, 17 millions, notre taux de capitalisation s’établissait environ à 83,9 % au 31 mars 2016. Lorsqu’on le compare avec la situation au 31 décembre 2015, on observe une baisse de 1 % de ce taux.

Cette baisse bien qu’ennuyeuse ne devrait pas nous inquiéter outre mesure, car j’ose me répéter en vous rappelant que l’étude des rendements n’est valable que pour des longues périodes et que la saine gestion par le Comité de retraite du portefeuille a toujours permis de corriger ces baisses temporaires.

(Juin 2016)