La prudence

La prudence

par Denis Bertrand

Les journaux semblent avoir pour mission de nous informer. Ce n’est hélas pas leur première raison d’être. Celle-ci est d’être profitable, donc de vendre le plus de journaux possible. Quelle en est la conséquence pour les lecteurs? Une information biaisée, le plus souvent alarmiste ou sensationnaliste. En voici un exemple tiré de l’édition du 5 août du journal « Le Devoir », un quotidien pourtant sérieux. Le titre de l’article est « Les caisses de retraite en décroissance ». Bien que ce titre soit mathématiquement exact, il est inutilement alarmiste. Si effectivement le rendement médian du second trimestre est négatif à -1,2 %, il suivait un trimestre ou ce même rendement avait été de 6,0 %. En date du 30 juin 2015, le rendement médian s’établissait 4,5 % selon les chiffres du cabinet conseil Morneau Shepell, tel que cité dans l’article. Je rappelle que le rendement espéré maximum autorisé par la Régie des rentes du Québec est de 6 % soit 3 % pour les deux premiers trimestres. Les caisses de retraite ont conséquemment fait mieux que ce que l’on attendait d’elles. Le titre est donc inutilement alarmiste, surtout quand l’on sait que le même rendement médian pour une période de 5 ans est de 10,78 % annuellement. En résumé, si le titre est véridique, il n’a pour but que d’attirer l’attention du lecteur alors que la réalité à long terme est différente.

Maintenant je souhaite attirer votre attention sur une situation autrement plus importante : la gestion de votre argent et c’est la vraie raison du titre de ma chronique. Les conseils qui suivent sont tirés du site de l’autorité des marchés financiers : https://www.lautorite.qc.ca/fr/publications-prevention-fraud-conso.html

Il contient trois brochures dont la lecture est essentielle pour éviter les pièges des requins de la finance. Les conseils données sont utiles à tout âge et pour toutes les tailles de placements.

  1. Est-ce que la personne qui veut vous vendre un produit est autorisée à le faire? Vérifiez avec le centre d’information de l’autorité des marchés financiers au 1-877-525-0337 ou au lautorite.qc.ca. Ne craignez pas de froisser votre interlocuteur, c’est votre argent après tout.
  2. Obtenez de l’information écrite et complète sur le placement proposé. Vous devez connaître, le type de placement, les risques encourus, la liquidité du placement et les frais associés au placement. Sans ces informations, mieux vaut ne pas investir.
  3. Est-ce que le placement offert est trop beau pour être vrai? Si c’est le cas, fiez-vous à votre bon sens et déclinez l’offre. Les rendements magiques n’existent que dans l’univers d’Harry Potter.
  4. Méfiez-vous des déclarations douteuses fréquemment employées par les fraudeurs tels que :
  • Tous mes clients ont déjà investi dans ce placement.
  • Vous devez absolument investir aujourd’hui, demain il sera trop tard.
  • J’ai moi-même investi tout mon argent et celui de mes parents.
  • Etc.

Si vous sentez la moindre pression indue, méfiez-vous.

  1. La personne qui vous a offert un placement s’est-elle comportée ainsi?
  • Trouve souvent des points semblables entre votre situation et la sienne.
  • Vante ses compétences et ses succès de façon démesurée.
  • Vous propose des placements en vous faisant l’offre de vos rêves.
  • Vous culpabilise si vous ne prenez pas les placements qu’elle vous offre, ou si vous mettez en doute ses affirmations.
  • Refuse de dire pour quelle firme elle travaille ou tente de changer de sujet après vous avoir donné très peu d’information.
  • Etc.

Rappelez-vous, tous les intermédiaires financiers ne sont pas des bandits, mais si vous avez le malheur de confier votre argent à un tel individu, vous le regretterez amèrement, « PRUDENCE ».

LE BAROMÈTRE DU RÉGIME DE RETRAITE DES EMPLOYÉS DE LA VILLE DE LAVAL

Cette section de ma chronique étant rédigée sans les informations contenues dans les états financiers au 31 décembre 2014, je dois mettre en garde le lecteur contre tout excès d’optimisme résultant de la lecture des résultats du baromètre de notre régime de retraite en date du 30 juin 2015. En utilisant toujours la même méthodologie que précédemment, j’ai élaboré une estimation du taux de capitalisation à partir des informations publiques de notre régime de retraite, notamment le rapport présenté par la Ville de Laval à l’assemblée spéciale du conseil du 19 janvier dernier. Selon ces calculs, notre taux de capitalisation s’établissait environ à 88,0 % au 30 juin 2015 ce qui représente une amélioration de 2 % par rapport à la situation au  31 décembre 2014.

Vous aurez noté que nous nous rapprochons du seuil de 90 % de capitalisation. Pourquoi ce seuil est-il important? À partir de ce niveau de capitalisation, le financement du déficit actuariel ne coûte plus qu’une somme d’environ 13 millions annuellement au lieu du montant actuellement connu de près de 34 millions. Ceci représente une économie d’au moins 20 millions annuellement. Ceci rend le coût de notre régime de retraite beaucoup plus raisonnable, et ce, sans la moindre réduction des bénéfices que nous avons chèrement payés durant notre carrière que ce soit par des hausses de cotisations ou par la renonciation à des hausses salariales. Ces renonciations à des hausses salariales sont d’ailleurs trop facilement oubliées par les mercenaires du gouvernement Couillard.

(Septembre 2015)