L’alphabet de la récession

L'alphabet de la récession

par Denis Bertrand

Nous avons tous été frappés par la rapidité et l’intensité de la chute boursière qui a suivi le sommet atteint le 19 février, certains marchés ayant enregistrés une baisse dépassant les moins 30 % entre le 19 février et le 24 mars. Nous allons maintenant tenter de disséquer la crise.

Tout d’abord, il est essentiel de rappeler que cette crise n’est pas économique dans sa nature, mais constitue bien une crise de santé publique. Ce sont les mesures engendrées dans le but de contrôler la situation sanitaire qui ont conduit à la chute des marchés. Rappelons que le taux de chômage au Québec se situait à 4,6 % à la fin de février 2020 et que la grande majorité des indicateurs économiques étaient très positifs, taux d’intérêt bas, situation budgétaire des gouvernements acceptables, inflation sous contrôle à 2,3 % au Québec à la fin de février. Seul le cours du dollar canadien était faible, principalement en raison de la faible valeur du prix du pétrole canadien, laquelle est causée par la difficulté de transporter le pétrole vers les marchés.

Qu’est-il arrivé ensuite ? Les principaux dirigeants du monde ont réalisé que l’inéluctable expansion de la COVID-19 allait nécessiter des ressources médicales qui risquaient de faire dérailler les systèmes de santé nationaux. Ils ont alors mis en place des mesures visant à ralentir la pandémie. Or toutes ces mesures, peu importe leur degré d’intensité, avaient pour effet collatéral de ralentir très significativement l’activité économique. Ces ralentissements économiques entrainaient la chute drastique des profits des entreprises dans de nombreux secteurs. Conséquemment, puisque le prix des titres boursiers n’est que le calcul de la valeur présente des profits futurs des compagnies, la chute boursière était inévitable.

Qu’est-ce que le futur nous réserve ? La récession sera-t-elle en V, en W, en U ou en L ? Que signifie cet alphabet de la récession. Tout simplement, l’effet sur la situation économique de deux variables : l’intensité des mesures de confinement et la résolution médicale de la crise sanitaire. Vous avez sans doute remarqué que les marchés avaient tendance à reprendre de la vigueur lorsque les gouvernements annoncent l’atténuation des mesures de confinement qui aurait pour effet de revitaliser la majorité des secteurs de l’économie. Évidemment la résolution médicale de la crise sanitaire aurait un impact incroyable sur l’activité économique. Le positionnement dans le temps de ces deux facteurs conditionnera la forme de la courbe de l’activité économique.

Malgré les annonces optimistes de certains dirigeants, il est peu probable qu’un vaccin soit découvert avant un horizon d’un an, mais il serait possible qu’un traitement médical soit disponible dans un délai plus court de l’ordre de 6 à 9 mois. À ce sujet, notons qu’en date du 12 mai Radio-Canada recensait plus de 100 vaccins potentiels en cours de développement et plus de 800 essais cliniques tentant d’évaluer des dizaines de traitements potentiels au coronavirus.

Je vais maintenant expliquer quelles conditions entrainent chacune des quatre formes de courbes nommées V, W, U et L.

Pour qu’une récession soit en V, elle doit résulter d’une chute drastique de l’économie suivie d’une reprise relativement rapide de celle-ci. Dans le cas qui nous occupe, il faudrait que le virus disparaisse de lui-même en résultat de l’efficacité des mesures de confinement ou qu’un médicament surgisse très bientôt. Le premier élément est possible, mais le second beaucoup moins à court terme.

Qu’en est-il d’une récession en W ? Elle se produit lorsque la reprise économique rapide est suivie d’une rechute avant la reprise finale. Une telle situation se produirait dans l’éventualité d’une deuxième vague de contagion qui obligerait à nouveau les gouvernements à recourir aux mesures de confinement après une nouvelle recrudescence de la pandémie.

La récession en U est une récession qui dure plusieurs mois. La reprise est lente, car les mesures de confinement ne sont que partiellement levées et la découverte d’un vaccin ou d’un traitement tarde à venir.

La récession en est l’horreur absolue. Cela voudrait dire qu’aucun traitement ou vaccin n’est disponible et que le confinement perdure au moins partiellement. Le niveau d’activité économique antérieur n’est retrouvé qu’après une longue période calculable en années. C’est le genre de situation qui peut survenir si nous devons vivre longtemps sans traitement ou vaccin. À ce sujet l’OMS a déclaré qu’il est possible qu’aucun vaccin ne soit trouvé pour la COVID-19. Cependant, un article du Devoir du 12 mai relatant l’opinion de certains spécialistes au sujet de la possibilité de découvrir un vaccin, nous fournissaient des raisons d’être optimiste à ce sujet. La présence d’anticorps spécifiques au virus chez des patients atteints et le faible taux de mutation du coronavirus rendent plausible la découverte d’un vaccin.

Maintenant qu’elle est mon opinion quant à la durée de la récession ? J’opte pour une récession qui aurait une durée d’au plus trois trimestres si le confinement est appliqué avec discernement, notamment dans l’éventualité d’une deuxième vague relativement importante et si un traitement significatif est découvert dans le dernier trimestre de l’année. On aurait alors une récession qui aurait une forme intermédiaire entre le V et le U.

Message d’intérêt public

Le Bureau du régime de rentes m’a informé que certains d’entre nous recevront au courant du mois de mai un document intitulé : « Validation et mise à jour des renseignements à votre dossier de prestataire », afin d’assurer l’exactitude des paiements de rentes, il est important que chacune des personnes concernées complète ce document et le retourne au Bureau du régime de rentes. Je vous remercie de votre collaboration à cet effet.

SUIVI DES RECOURS JURIDIQUES CONCERNANT LA LOI 15

Le Québec est sur pause et ses tribunaux aussi. Je n’ai connaissance d’aucun fait concernant l’évolution de nos recours. Je dois donc en conclure que le juge saisit du dossier continu ses délibérations relativement au verdict.

Dès que des informations seront disponibles, j’en aviserai l’association pour qu’elle puisse vous en informer via son site internet.

ÉTAT DE SANTÉ DU RÉGIME DE RETRAITE DES EMPLOYÉS DE LA VILLE DE LAVAL

Comme nous le savons tous, les marchés ont pris une méchante dégringolade dans le premier trimestre de 2020. J’ai donc établi le degré de capitalisation approximatif au 31 mars dernier en prenant le rendement réel constaté dans le dernier communiqué du bureau du régime de rentes, soit 12,5 % pour l’année 2019, auquel j’ai retranché le rendement médian négatif constaté dans l’univers des caisses de retraite de RBC pour le trimestre terminé le 31 mars.

On s’aperçoit alors que le surplus envisagé au 31 décembre, soit 29,6 $ millions, après correction du rendement net à 12,5 % pour 2019, devient un déficit de 93,6 $ millions, trois mois plus tard. Il ne faut pas désespérer pour autant le mois d’avril a été très bon pour les marchés. Par exemple, un portefeuille agressif que je connais très bien a eu un rendement négatif de -14,2 % au 31 mars pour ensuite s’établir à -7,7 % pour les quatre premiers mois de l’année et finalement terminer à -6,3 % au 31 mai. Ce qui constitue, convenons-en,  un bon redressement.  Dans ces conditions, il serait illusoire de songer à un rétablissement de l’indexation avant de nombreuses années, mais cet échéancier sera tributaire de la durée de la récession actuelle. La lumière au bout du fameux tunnel est toujours aussi brillante, mais un peu plus loin.

GARDONS LE CONTACT

Dans un manque total d’originalité, je vous rappelle que mon adresse de courriel est : denisbertrand02@bell.net. Communiquez avec moi pour toutes questions relatives à notre régime de retraite, pour me transmettre toutes informations pertinentes concernant celui-ci, pour nous aider à défendre nos droits ou pour des idées de chronique. N’oubliez jamais : ensemble nous sommes plus forts!

(Juin 2020)