Quand demander les rentes gouvernementales

Quand demander les rentes gouvernementales?

par Denis Bertrand

Un lecteur m’a récemment demandé s’il devait encaisser sa rente du Québec à 60 ans ou à 65 ans. Je vais donc vous éclaircir sur cette question en abordant aussi la question de l’encaissement de la pension de la sécurité de la vieillesse. Deux précisions s’imposent tout d’abord : la décision que vous prendrez n’a aucune incidence sur les sommes que vous recevrez du régime de retraite des employés de la Ville de Laval et les informations données dans les paragraphes qui suivent ne sont que des indications générales, elles ne vous dispensent pas de faire une analyse exhaustive de votre situation personnelle avant de prendre une décision.

LES RENTES DU QUÉBEC

Celles-ci peuvent être encaissées à partir de 60 ans ou retarder jusqu’à 70 ans. Dans le premier cas, vous subirez une réduction allant jusqu’à 35 %, soit environ 7 % par année d’anticipation. Dans le second vous obtiendrez une bonification de 8,4 % par année de report pour un maximum de 42 % d’augmentation. Lorsque vous approcherez de 60 ans, vous recevrez une estimation de la rente à recevoir à partir de 65 ans.

Il est cependant extrêmement important de ne pas oublier le fait suivant : la rente du Québec est calculée sur la base des salaires gagnés depuis l’âge de 18 ans jusqu’au moment du début de l’encaissement de la rente. Donc cela inclut des années ou vous ne cotisiez pas au maximum, puisque vous aviez sans doute des emplois à temps partiel. Pire encore, si vous encaissez la rente à 65 ans et que vous avez pris votre retraite à 55 ans, sans travailler dans l’intervalle, vous ajoutez 10 années de gains nuls dans le calcul de la rente. Bien qu’un nombre maximal de 15 % des années des plus faibles gains soient retirés du calcul, le fait d’avoir de nombreuses années sans gains réduit le salaire moyen et conséquemment la rente versée.

Vous devrez donc regarder attentivement la section estimation de votre rente de retraite mensuelle dans le relevé que vous fera parvenir RETRAITE QUÉBEC dans les 6 mois précédant votre 60e anniversaire. Par exemple dans un dossier dont j’ai été saisi, le fait de cotiser entre 60 et 65 ans peut ajouter jusqu’à 125 $ de plus par mois soit 1 500 $ par année. Par contre retarder l’encaissement jusqu’à 65 ans sans travailler entre 60 et 65 ans réduit votre moyenne salariale et fait en sorte que la rente versée soit de 75 $ de moins par mois que ce qu’elle aurait été si votre moyenne salariale n’avait pas été réduite.

LA PENSION DE LA SÉCURITÉ DE LA VIEILLESSE

Les sommes découlant de ce programme ne peuvent pas être anticipées avant 65 ans, mais elles sont aussi bonifiées de 0,6 % par mois jusqu’à un maximum de 36 % à 70 ans si le prestataire ne les encaisse pas avant cet âge.

AUTRES FACTEURS À CONSIDÉRER

Avant de prendre quelque décision que ce soit, vous devez réfléchir aux points suivants. Est-ce que vos revenus actuels sont suffisants ? Avez-vous l’intention d’occuper un autre emploi, à temps plein ou partiel ? Quel est votre état de santé ? Désirez-vous laisser un héritage à vos enfants ? En fonction des réponses à ces questions, vous pourrez prendre une décision éclairée. Bonne réflexion !

SUIVI DES RECOURS JURIDIQUES CONCERNANT LA LOI 15

La contestation entreprise par des groupes de syndiqués, de cadre et de retraité se poursuit. L’instruction de l’affaire a débuté le 24 septembre par les témoignages qui s’étendront, pour la partie demanderesse, au moins jusqu’à la fin du mois d’octobre. La fin du procès est prévue pour la fin du mois de juin 2019. Le prononcé du jugement est toujours attendu vers la fin de 2019. N’oublions pas que ce jugement sera surement porté en appel par la partie perdante, puis après le jugement en appel , la partie perdante le portera sans doute à son tour devant la Cour Suprême.

ÉTAT DE SANTÉ DU RÉGIME DE RETRAITE DES EMPLOYÉS DE LA VILLE DE LAVAL

Afin d’être clair dans la valeur des informations présentées dans cette section, je dois vous répéter qu’elle vise à vous procurer une approximation de la situation financière de notre régime de retraite la plus précise et la plus récente possible à partir des informations disponibles publiquement à ce sujet. Elle ne tient pas compte de la scission de notre régime de retraite en six entités distinctes et ne fait pas non plus de différence entre les deux volets de participations. Les négociations des différents groupes d’employés ont créé une distinction entre la participation acquise avant 2013 pour les cols bleus et les pompiers et avant 2014 pour les autres groupes et la participation subséquente.

La publication du communiqué indiquant le rendement net au 30 septembre 2018 pour les détenteurs de cotisations additionnelles, aussi appelées cotisations volontaires, nous apprend que celui-ci s’établit à 2,41 %. Ce rendement est inférieur au taux de rendement annuel historiquement utilisé pour l’évaluation actuarielle, soit 6 %, donc 4,5 % pour 9 mois, ceci crée un léger déficit pour la période. Puisque j’ai constaté que mes estimations de déficit surévaluaient systématiquement celui-ci, par exemple lors du dernier numéro de l’Envol la surévaluation était de 16,6 millions, j’ai donc changé ma méthode de calcul pour qu’elle reflète mieux la réalité. Sur cette nouvelle base, le déficit passe donc de 16,9 millions à 25,6 millions. Nous étions donc capitalisés à 98,21 % au 30 septembre dernier.

Compte tenu des rendements des marchés depuis le 30 septembre j’ai projeté la situation du régime au 31 décembre 2018 dans l’éventualité d’un rendement final net de 4,5 %. Or à ma grande surprise et après avoir vérifié mes calculs plusieurs fois, ce taux de 4,5 % est suffisant pour ne pas créer une hausse du déficit même s’il est inférieur aux taux requis de 6 %. Le déficit serait donc de 10,9 millions au 31 décembre 2018, pour un niveau de capitalisation de 99,24 %. J’explique cela par la variation des obligations au titre des prestations de retraite figurant dans les états financiers de notre régime, laquelle s’établit à environ 40 millions par années depuis les deux dernières années.

Notre régime continuera donc d’être en bonne santé. Hélas, tel que mentionné dans ma dernière chronique, il nous faudra encore un surplus de 150 millions avant de rétablir l’indexation. Un certain temps s’écoulera donc avant que cette éventualité se réalise. Je me risque cependant à prédire que ceci pourrait se produire vers 2025, soyons patients.

GARDONS LE CONTACT

Comme toujours, je vous rappelle que mon adresse de courriel est : denisbertrand02 @bell.net, n’hésitez pas à communiquer avec moi pour toute question relative à notre régime de retraite, pour me transmettre toutes informations pertinentes pour nous aider à défendre nos droits ou pour des idées de chronique. Je profite de l’occasion pour remercier tous ceux et celles qui m’ont écrit à l’adresse de courriel mentionné ci-dessus et tous ceux qui m’ont encouragé depuis les débuts de cette chronique en septembre 2013. N’oubliez pas : ensemble nous sommes plus forts !

(Décembre 2018)