Le conte de Noël de l’AERVL

Le conte de Noël de l’Association des employés retraités de la Ville de Laval

Il y a bien longtemps, Nicolas Généreux cherchait l’endroit idéal pour installer sa nouvelle usine à jouet, une grande étable pour ses rennes, une immense maison pour loger les travailleurs saisonniers qui venaient de Lutinia ainsi que sa résidence personnelle. Pour avoir mis leur nez dans les affaires des autres, les Lutins avaient été condamnés à effectuer des travaux communautaires s’ils voulaient conserver la grande chape assurant l’invisibilité de leur royaume. Depuis, à chaque année, ils passent un mois auprès de Nicolas Généreux, alias Père Noël, pour fabriquer des objets de toutes sortes. Par la suite, ils les emballent dans du papier coloré et les rangent dans une espèce d’entrepôt baptisée Amuzone pour assurer la grande distribution annuelle des cadeaux. Quelques Lutins demeurent toute l’année avec le Père Noël car leur condition physique ne leur permet plus de faire la transition avec le monde réel et le royaume de la magie. Ils s’occupent de l’abondant courrier du Père Noël et celui-ci doit assurer la plus stricte confidentialité sur leur présence.

Un jour Nicolas Généreux survole la Laponie, une région de la Fennoscandie. Il décide d’y faire un court arrêt pour faire reposer ses rennes-moteur. Pendant que ses animaux mangent le savoureux lichen et les carottes sorties du sac à provisions, Nicolas observe le magnifique paysage et se dit : « Ce serait bien de s’installer ici, c’est calme et difficilement accessible. On serait à l’abri de ces fouineurs que constituent les paparazzis et les journalistes enquêteurs ». 

Après discussion avec Madone Latendresse, alias « Mère Noël », Nicolas s’écrie : « C’est décidé, nous allons nous installer en Laponie ». Je rappelle que Nicolas avait rencontré Madone quelques années auparavant lors d’une distribution de cadeaux.  Il était entré dans une maison où il ne voyait aucune décoration, aucune lumière et encore moins de chauffage. En voyant une jeune dame assise dans la noirceur vêtue de son vieux manteau Kanuk, il lui demanda ce qu’elle voulait pour Noël. Elle lui répondit : « Amenez-moi avec vous, je suis orpheline et mes amis m’ont abandonnée. ». Ému, le Père Noël accepta de la prendre avec lui malgré les récriminations de Danseur, Furie, Fringant et Comète concernant le poids supplémentaire imposé. Depuis ce temps, Madone et Nicolas forment un couple heureux.

Nicolas Généreux convoqua les Lutins plus tôt que d’habitude pour leur demander de construire rapidement le village du Père Noël. Le meilleur architecte de Lutania, Léonard de Vientenici, prit charge des travaux pendant que Nicolas et Madone rencontraient Coca Chanel, le célèbre couturier de Lutania. À chaque année, il fallait refaire le costume du Père Noël et Chanel essayait de modifier le costume. Mais Nicolas tenait à conserver le modèle traditionnel.

À son retour, Nicolas fut agréablement surpris de la qualité du travail de Léonard. De belles étendues à perte de vue, aucune rue, pas de voiture ni d’autobus, même pas de pistes cyclables. Des sapins alignés indiquent les allées piétonnières interdites aux rennes. Ces derniers pouvaient brouter à leur guise tout autour sans s’inquiéter du brouhaha des résidents au sujet des cervidés. Les maisons d’épices étaient belles à croquer à la grande satisfaction de Guy Mauve, responsable de leur construction. Dans l’allée menant à la colline du Korvatunturi, se trouve la résidence du Père Noël. Bouftout, le Lutin responsable du garde-manger, attendait l’arrivée du couple avec un chocolat chaud. Une fois débarrassé de ses colis, Nicolas rencontre Bidule, le Lutin responsable de l’atelier de confection des cadeaux et ce dernier lui affirme que tout est prêt. Nicolas convoque alors Ête Cetera pour l’informer qu’il pouvait communiquer au responsable de l’usine la liste des objets à fabriquer. Les nombreuses lettres adressées au Père Noël contiennent les informations qui permettent de confectionner cette liste ainsi que les souhaits exprimés par les enfants dans l’oreille attentive des délégués du Père Noël qui œuvrent dans les centres commerciaux et communautaires. Le réseau « noelnet » dirigé par le lutin Wefou enregistre automatiquement les souhaits exprimés. Le lutin Val Taire scrute attentivement ces souhaits pour extirper ceux des indécrottables farceurs qui ne croient pas au Père Noël. Le Père Noël convoque également Alain Tuition pour dresser la liste des cadeaux à fabriquer pour les personnes qui ne font pas de souhaits. Comme d’habitude, il y aura de nombreuses boîtes de chocolat et des bouteilles de vin. Ces objets ont remplacé les cravates, les bas de laine et les bouteilles de rye qui étaient autrefois à la mode.

Le 1 décembre, lors d’une cérémonie animée par le lutin Ding-Dong, le Père Noël annonce le début de la campagne annuelle de distribution des cadeaux. Le Lutin Far Foin reçoit le mandat de donner une double ration de pommes et de carottes aux rennes assignés à ce grand voyage autour du Monde. Ils dépenseront effectivement beaucoup d’énergies. Cependant Far Foin doit régler un litige inattendu. Des rennes femelles demandent à faire partie de l’équipage du célèbre traîneau de manière égalitaire compte tenu qu’elles sont habituées à tenir les rênes. Comme ça prend neuf rênes, il devient impossible de régler le litige. Mais l’esprit de Noël prévaut et le renne Rudolph règle la question en disant qu’il a toujours douté de son identité sexuelle. Il affirme que ses élans amoureux étaient toujours timides et qu’il souhaite maintenant être considéré comme binaire. Fallait voir la « bine » du Père Noël lorsqu’il apprit cette nouvelle.

Puis le 24 décembre arrive et dès l’aube, les lutins Déleste et Anna Encore débutent le chargement du traîneau sans fond. Puis, à 23 h 50 le maître Chrono sort son instrument magique ; une espèce de corne de bœuf transformée en trompette. Dès que le son fut entendu, une brèche s’ouvrit dans l’espace-temps et le Père Noël s’y engouffre pour livrer ses surprises sans affecter l’horloge terrestre.

Arrivé à Laval, Nicolas sort son drone magique et livre à chacun des résidents de cette municipalité le cadeau qui lui est destiné. Il consulte son thermomètre servant à mesurer la satisfaction et constate avec étonnement que le résultat est faible. Il téléphone immédiatement à Lange Vin, le Lutin chargé du contrôle de la qualité. Ce dernier aime bien aller au fond des choses ; in vino veritas. Il forme immédiatement un comité formé des Lutins plus âgés et nomme Rapido pour rédiger un rapport explicatif.  À la suite de sa lecture, Lange Vin comprend que les résidents de Laval demeurent inquiets et incertains face à l’avenir. La pandémie de la Covid-19 a mis à l’épreuve leur capacité à voir l’avenir avec optimisme. Lange Vin explique à Nicolas que la réception d’un cadeau fera naître l’espoir d’un avenir meilleur.  Le Père Noël aurait bien aimé avoir de la poudre de perlimpinpin pour soulager immédiatement toutes ces angoisses, mais il n’est pas membre du syndicat des magiciens.

Avant de disparaître dans l’espace-temps, il jette en regard sur cette belle ville. Il se dit qu’un jour, il faudra dire un gros merci à tous ces employés municipaux qui se sont dévoués pour faire de l’île Jésus, un endroit où il fait bon vivre.

Joyeuses fêtes et Bonne et heureuse année 2023..,

Tous les membres du conseil d’administration vous saluent en souhaitant que vous receviez de nombreux témoignages d’affection.

Un texte de Claude Lavoie